Vivre l’absence

Non sung, Thaïlande, 4 janvier 2020
Somewhere unidentified, Thaïlande 5 janvier 2020… photos Natascha Gaillard

Il est parti… c’est ça qu’on m’a dit… il nous a quittés… 

Pourtant, il est là, partout, dans le ciel, sur la terre, dans mon cœur… dans ma pensée… omniprésent, omni-absent… Jusqu’à la douleur… 

J’ai l’impression qu’il peut tout voir, tout savoir, lire en moi de tous les points de vue… 

Il semble en haut, en bas, en dehors et en dedans… Son absence est devenue présence obsessionnelle… Je ne suis plus moi, mais lui et moi ou plutôt lui en moi. 

De son absence, de ce départ, il a effacé tout un pan de mon histoire… il a emporté avec lui dans ce vide qui m’aspire, tout ce qui était notre partage, tous les instants vécus ensemble ou côte à côte… nos âges superposés… 

De sa naissance à sa mort, j’ai été dans sa vie… je l’ai précédé, puis nous avons avancé ensemble, pourtant si souvent séparés à cause d’un regard sur la vie trop différent pour nous permettre de nous comprendre… 

Et maintenant, je continue à avancer dans cet espace sans lui, mais avec lui inclus en moi. 

Tout ce qu’il a été, demeure tant que ma mémoire le fait vivre… et même ses cendres jetées dans un fleuve de Thaïlande, ce lieu sans nom sur une carte capturée sur le téléphone… même mes larmes de ce jour-là, rien n’efface ce qui est inscrit dans les sillons de notre chemin commun. 

60 ans qu’il aura été mon petit frère et maintenant le temps m’éloigne de cet impact inattendu et violent qui m’a brusquement faite sœur sans ce frère… là non plus il n’y a pas de nom pour dire la perte d’un frère… je suis déjà à moitié orpheline, entièrement veuve… et trois fois rien d’avoir perdu trois frères au long du chemin.

Où est-il maintenant ? Au ciel ? ou bien là où les rites bouddhistes ont voulu que l’on dépose des morceaux de lui ? un peu dans le mur du temple, beaucoup dans le fleuve, un peu dans l’hôtel des ancêtres et le reste au pied du buisson, devant la maison ? 

Où est-il ? dans le cœur de ceux qui l’ont pleuré ? Dans la mémoire de tous ceux qui ont marché avec lui dans le même temps ? 

Partout et nulle part, en haut et en bas, dehors et dedans… qu’importe puisqu’il est parti et que seule ma mémoire arrive encore à le faire vivre un peu… et la voix de notre neveu, sa dégaine qui lui ressemble et qui parfois me fait croire un instant qu’il est là…

1 réflexion sur « Vivre l’absence »

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